L’aquaculture en Chine : un secteur stratégique à l’échelle mondiale

Fresh water

Maxime

La Chine occupe une place prépondérante dans le domaine de l’aquaculture. Depuis plusieurs décennies, ce pays s’est imposé comme le premier producteur et exportateur mondial de produits aquatiques d’élevage, qu’il s’agisse de poissons, de crustacés ou de mollusques. L’essor de l’aquaculture en Chine est lié à des enjeux économiques, alimentaires et culturels majeurs, dans un contexte de pression démographique et de transformation des systèmes agricoles. Dans cet article, nous analyserons l’importance de ce secteur, ses évolutions récentes, ses méthodes et les défis auxquels il fait face aujourd’hui.


1. Contexte et importance de l’aquaculture en Chine

1.1. Le poids économique et alimentaire

  • Première production mondiale : La Chine produit plus de la moitié de l’offre mondiale d’aquaculture. D’après la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), environ 60 % du poisson d’élevage global provient du pays.
  • Rôle dans la sécurité alimentaire : Avec sa population d’environ 1,4 milliard d’habitants, la Chine doit répondre à une demande croissante en protéines animales, dont une partie significative est assurée par les produits de la mer ou d’eau douce.
  • Secteur stratégique : L’aquaculture contribue fortement à l’économie nationale, en générant des emplois (plusieurs millions de personnes travaillent dans ce secteur) et en alimentant le commerce extérieur chinois.

1.2. Tradition et consommation locale

  • Racines historiques : La pisciculture est ancrée dans la culture chinoise depuis l’Antiquité. Le poisson, symbole d’abondance et de prospérité, est un aliment phare de la cuisine traditionnelle.
  • Goût prononcé pour les produits de la mer : Les crustacés (crevettes, crabes), les mollusques (huîtres, palourdes) et divers poissons (carpe, tilapia) sont très présents dans la gastronomie chinoise. L’accroissement du niveau de vie a renforcé l’attrait pour ces produits.

2. Les principaux systèmes et espèces élevées

2.1. L’aquaculture d’eau douce

  • Espèces dominantes : Les carpes (carpe argentée, carpe herbivore, carpe commune), le tilapia et les crevettes d’eau douce constituent une large part de l’élevage chinois en eau intérieure.
  • Méthodes traditionnelles : Depuis des siècles, les fermiers chinois associent souvent l’élevage de poissons à la riziculture (rizipisciculture) : les poissons nourrissent les champs avec leurs déjections, tandis que l’eau des rizières maintient leur oxygénation.

2.2. L’aquaculture côtière et marine

  • Mollusques et crustacés : Les côtes chinoises abritent de nombreux parcs d’élevage de crevettes, huîtres, palourdes et coquilles Saint-Jacques.
  • Poissons marins : Certains élevages se spécialisent dans le bar, la dorade ou le cabillaud.
  • Technologies modernes : Le développement de cages flottantes en haute mer et de systèmes de recirculation en circuit fermé (RAS) se répand pour optimiser la production, réduire les impacts environnementaux et diversifier l’offre.

2.3. Les fermes intégrées et la polyculture

  • Exploitation de systèmes mixtes : Il n’est pas rare de voir cohabiter plusieurs espèces dans un même bassin (polyculture), chacune occupant une niche écologique différente (ex. : carpes herbivores, carpes carnivores, mollusques filtrants).
  • Recyclage des ressources : Les déchets d’une espèce peuvent servir de nourriture à une autre, limitant ainsi l’usage d’intrants extérieurs et les rejets polluants.

3. Les avancées technologiques et la modernisation

3.1. Sélection génétique et amélioration des souches

Pour maintenir la compétitivité de la production, des programmes de sélection génétique visent :

  • Croissance accélérée : Choix d’individus grandissant plus vite et plus résistants.
  • Résilience aux maladies : Recherche de souches moins vulnérables aux pathogènes, réduisant l’usage d’antibiotiques.
  • Adaptation au climat et à la salinité : Mieux répondre aux variations régionales et aux changements environnementaux.

3.2. Digitalisation et automatisation

  • Surveillance en temps réel : Des capteurs mesurent la qualité de l’eau (température, taux d’oxygène), détectent d’éventuelles pollutions et transmettent ces données aux éleveurs.
  • Robots et drones : Pour nourrir les poissons, inspecter les cages ou surveiller l’état des infrastructures, notamment dans les grandes fermes marines.
  • Commerce en ligne : Les plateformes de e-commerce, très présentes en Chine, permettent la vente directe des produits aquacoles aux consommateurs urbains.

4. Les défis environnementaux et sanitaires

4.1. Pollution et dégradation des écosystèmes

  • Rejets d’effluents : Certains élevages intensifs peuvent générer des déversements organiques et chimiques (nourriture non consommée, excréments, médicaments), entraînant l’eutrophisation des eaux.
  • Destruction des zones côtières : L’extension des fermes marines (crevettes, poissons) a parfois conduit à la déforestation de mangroves, impactant la biodiversité locale.

4.2. Maladies et surutilisation d’antibiotiques

  • Vulnérabilité des élevages intensifs : Les densités élevées favorisent la propagation rapide des pathogènes (virus, parasites).
  • Risques pour la santé humaine : L’abus d’antibiotiques peut engendrer des problèmes de résistance microbienne, d’où l’importance de développer des pratiques plus durables (vaccination, bio-sécurité).

4.3. Gestion des ressources halieutiques

  • Alimentation des poissons : Les farines et huiles de poisson, issues souvent de la pêche minotière, sont un enjeu mondial. Les innovations portent sur l’utilisation de protéines végétales (soja, algae, insectes) pour limiter la pression sur les océans.
  • Conciliation avec la pêche sauvage : L’aquaculture ne doit pas aggraver la surexploitation des stocks marins, mais plutôt contribuer à réduire la dépendance à la pêche extractive.

5. Politiques publiques et perspectives

5.1. Les réformes et le cadre réglementaire

  • Stratégies nationales : Le gouvernement chinois encourage le développement de l’aquaculture tout en mettant l’accent sur une production plus “verte” et respectueuse de l’environnement (programmes quinquennaux).
  • Contrôles sanitaires : Des normes plus strictes sont progressivement mises en place, notamment sur l’usage des antibiotiques, la traçabilité et la qualité de l’eau.

5.2. Vers une production durable et une coopération internationale

  • Recherche et coopération : La Chine collabore avec des institutions internationales (FAO, centres de recherche) pour améliorer la durabilité de son aquaculture, partager son expertise avec d’autres pays et répondre aux enjeux de sécurité alimentaire globale.
  • Innovation et diversification : Les entreprises chinoises investissent dans des infrastructures offshore (cages en haute mer), des technologies de pointe et des projets d’aquaculture intégrée (associant culture d’algues, élevage de coquillages et de poissons) pour boucler les cycles de nutriments. Découvrir la Chine plus en profondeur

Conclusion

L’aquaculture en Chine se présente comme un pilier stratégique de l’économie et de la sécurité alimentaire du pays. Forte d’une longue tradition, enrichie par des savoir-faire et des technologies modernes, elle a su conquérir une position dominante sur le marché mondial. Toutefois, les défis environnementaux, sanitaires et réglementaires restent importants, à l’heure où la Chine entend conjuguer croissance économique, santé publique et préservation écologique. Les réformes en cours, la modernisation des fermes et la coopération internationale laissent entrevoir une évolution vers une aquaculture de plus en plus raisonnée, susceptible de maintenir la Chine en pole position tout en répondant aux impératifs de durabilité et de qualité.

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